Quelle place pour la Moto électrique ?

12 Octobre 2021

Questions à Patrick Layet, Président du Moto Club, et membre du Groupement Européen de la Moto Electrique (GEME):

Qu’est-ce que le Groupement Européen de la Moto Electrique ?

Indépendant des lobbys, il est animé par des bénévoles impliqués de longue date dans la vie de la moto et soucieux de son avenir. Son Président-fondateur, Antoine Julien, a longtemps présidé le Moselle Moto Club et la Ligue de Lorraine, tout en étant membre du comité directeur de la FFM. Le GEME a pour objectif de promouvoir la moto électrique en complémentarité des engins à moteur thermique, dont on annonce la fin de la production à l’horizon 2035. La Moto survivra à la fin des moteurs thermiques et il faut veiller à ce qu'elle trouve une place convenable dans la transition écologique !

Le Marché est il prêt ?

Tous les constructeurs ont des projets en cours. Depuis plusieurs années, deux d’entre eux proposent d’ores et déjà de vraies motos utilisables tant en mobilité quotidienne qu’en loisirs : Harley-Davidson avec sa Livewire, et Zero, actuel leader du marché, marque exclusivement électrique. Leurs performances sont surprenantes, comparables à des hypersportives thermiques, et leur autonomie permet déjà de longues virées. L’italien Energica commercialise une hypersport. Super Soco est un peu plus modeste en performances mais aussi en budget. Plus ciblés sur la mobilité urbaine, il existe de nombreux scooters électriques, dont le constructeur grassois Eccity.

L'électrique est-il la solution idéale ?

Je vous ferai grâce du couplet sur les émissions de gaz à effet de serre, car bien d'autres personnes nous en rebattent les oreilles à longueur de journées. Au-delà de ce sujet, ma réponse sera double:

- Non dans un premier temps, car la demande d'électricité augmentera fortement, et il faudra bien la produire quelque part. De plus, la  production de masse et le recyclage de grosses batteries restent moyennement écologiques.

- Oui ensuite, car cette situation ne devrait durer que quelques années, l'objectif étant d'évoluer vers des véhicules produisant leur propre électricité (par exemple en faisant réagir de l'hydrogène liquide avec l'oxygène de l'air). Certes, ce n'est pas pour demain. Mais de nombreux bureaux d'étude travaillent discrètement sur le sujet, et la plupart des pays industrialisés annoncent des "plans hydrogène"...

Le milieu Moto est-il prêt à cette évolution ?

C’est nouveau et forcément déroutant pour certains. Pour autant, les motos électriques intègrent petit à petit le paysage motard, sans réactions négatives. Ne brusquons pas les choses, c’est une évolution, pas une révolution ! Et il n'existe pas d'opposition entre l'électrique et le thermique. Certes, un moteur électrique est moins vivant mais on apprécie le silence. Regardez l’exemple notre possesseur de Harley-Davidson : outre son électrique, il roule aussi avec une « thermique »  de la marque. Une belle illustration de la complémentarité entre les deux systèmes. Car, quel que soit le mode énergétique, l’essentiel est toujours là : cette sensation de liberté qu’on ressent au guidon d’une moto !

Et le le Moto Club, dans tout çà ?

Le club, plus que centenaire, a connu de génération en génération les multiples évolutions de la moto. Il compte d’ailleurs une section « Anciennes » très vivante, en plus de ses traditionnelles activités de Tourisme et de compétition. Les évolutions vont évidemment continuer. Nous sommes fiers du passé et du présent. Et cette Histoire doit se poursuivre longtemps. Alors, même si nous sommes attachés à notre "culture" des moteurs thermiques, nous avons le devoir de nous préoccuper de l’avenir pour garantir la pérennité de la Moto. 

Le Président roule-t-il en moto électrique ?

Pas encore, car l'électrique se prête mal aux longs trajets que nous proposons chaque année. "Croyant mais pas pratiquant", je roule donc en thermique. Mais j'aime me faire prêter une moto électrique, à la conduite plus "zen". Lorsque je récupère ma "thermique", je la trouve compliquée, pataude et bruyante. Mais cela ne m'empêche pas de l'adorer. Le thermique a encore quelques belles années devant lui.